Un printemps en Norvège

Pourtant nous avions visé avec la météo. Je dois avoir mal choisi les références. Car le passage du col fut épouvantable. Par chance un 4×4 m’ouvre le chemin. Je ne vois même pas ses feux rouges alors qu’il est juste devant. Croiser devient périlleux sur cette route ou on ne croise pas par beau temps. Alors dans ce brouillard, je ne vois pas trop ou je place mes roues…

En haut du col il neige, il pleut et l’on ne vois pas à 5 mètres. Il faudra redescendre sous les nuages pour apercevoir le bout du Lysefjorden.

Deux belles randonnées sont perdues. nous ne serons pas le Kjeragbolten, un bloc erratique de Norvège qui a la particularité d’être coincé dans une anfractuosité rocheuse sur les pentes du Kjerag. Une autre fois.

On prend le ferry dans le froid pour descendre les 41 km du Lysefjorden.

Autant attendre le retour du soleil au camping sous la garde des vikings.

Preikestolen

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Le Preikestolen s’est formé il y a environ 10 000 ans à la fin de la dernière période glaciaire. Le retrait des glaces provoque la décompression des roches qui se fragmentent. Les éléments climatiques et la gravité érodent la paroi selon les failles de détachement et donnent naissance au promontoire actuel. Certaines de ces failles sont toujours visibles comme celle située à la base de Preikestolen et qui la sépare du reste de la montagne.

L’imposante falaise culmine à 604 mètres au-dessus des eaux du Lysefjord.

C’est impressionnant de se trouver les pieds au bord du vide. Certains l’approchent à plat ventre. D’autres sautent en l’air pour rendre la photo plus impressionnante et je ne parle pas des selfies si près du vide. Heureusement sur les 200’000 visiteurs annuels la majorité s’en retourne par le même sentier. 

Juste avant le prochain ferry à Hjelmelandsvågen, je trouve un mini-camping familial, une pension pour les pécheurs, heu, non pêcheurs… De toute façon je ne vais pas plus loin, on est trop fatigué après notre rondo à la « Chaire de prédicateur ». Accueil chaleureux par un jeune homme qui doit ses origines lors d’une ancienne razzia viking du côté de l’Algérie ou peut-être est-il venu de son plein gré ? Je ne suis pas le seul à préférer le nord.  Je n’ai pas le temps de lui demander. De plus je m’exprime trop mal pour qu’il comprenne ma plaisanterie. On fait le tour de la propriété et il me trouve un petit paradis entre les massifs de fleurs.

En soirée, une lumière incroyable   colore le fjord sous le ballet incessant des ferries. Encore une fois le balcon est merveilleusement bien exposé. 

Déjà en 1987 lors de notre premier voyage en Norvège, le sud-ouest nous avait séduits. A cette époque les touristes s’obstinaient à attendre le cap Nord sans prendre le temps. C’est dommage, la Norvège s’apprécie par étape et l’une des plus belles est justement la région des fjords entre Stavanger et Ålesund. 

Maintenant, nous avons le temps. Le temps de prendre des pauses. Le temps d’apprécier. Entre le dire et le prendre il y a encore à changer les habitudes et là…

Paysages émeraude, maison rubis et chutes d’eau effervescente, sous un ciel en mouvement constant, d’un moment à l’autre le soleil joue des coudes puis les nuages reviennent en force. Pas grave, cela ne dure pas.

Là en bord de fjord, un petit port nous accueille pour la nuit. Des ados sautent dans l’eau glacée du ponton pour séduire les filles. Puis une violente averse trempe aussi les spectatrices. 

Ici camping à la ferme où la patronne déroule un tapis devant notre porte. Hélas on est un peu serré et je dois déménager en pleine nuit de la chambre haute pour dormir en bas, car mon voisin laisse tourner le chauffage. Ce que les touristes sont idiots de chauffer l’air inutilement ! On est tellement mieux dans un bon sac de couchage adapté. Je trouve que l’on pollue déjà assez avec 170 gr de CO2/km sans encore chauffer inutilement pendant la nuit. 

Désolé © 2019 Jean-Daniel Borgeaud