Convertir les couleurs d’un espace à l’autre

Le mode de rendu

La conversion des couleurs pour passer d’un espace à l’autre est une opération douloureuse qu’il faut aborder avec clairvoyance. Le résultat peut déconcerter par un rendu éloigné de l’original.

Coquelicots

Nous n’avons pas tellement de choix, soit on coupe tout ce qui dépasse et on perd au passage le rouge camélias le bleu lilas et le jaune citron. Soit on compresse les couleurs pour les faire rentrer dans l’espace de destination. Avec le mode colorimétrique absolue. Dans ce cas, les couleurs abandonnées sont remplacées par les plus proches. En plus, ce mode de colorimétrie absolu a pour conséquence que les blancs et les gris obtenus donnent l’impression d’une dominante colorée… Le résultat est généralement déconcertant.

La seconde, le mode de rendu colorimétrique relative, est presque aussi radicale que la précédente. On découpe tous ce qui dépasse pour qu’il rentre dans l’espace cible. La différence essentielle réside dans le fait qu’elle ne conserve pas à l’identique le blanc et le noir de l’espace source. Ce mode de rendu établit une correspondance entre les blancs et les noirs des deux espaces et il décale les autres couleurs en se fondant sur la progression de leurs valeurs numériques. Dans le mode relatif, tous ces rouges du camélia non imprimables seront malheureusement remplacés par le même rouge. Donc toutes les nuances de rouge les plus saturées vont être remplacées par l’unique rouge le plus saturé que sait imprimer votre imprimante/papier. Les pétales du camélia  vont donc perdre une grosse partie de ses nuances dans sa texture. La photo va être plate et sans nuances dans certaines zones du tirage.

La troisième solution et le mode de rendu colorimétrie Perceptive. Ici on ne coupe rien, on compresse le tous. Résultat: si ce mode de rendu ne fait passer aucune couleur à la trappe, il les modifie toutes ! Pour opérer, le mode de rendu Perceptive désature l’ensemble des couleurs. La conversion s’attache malgré tout à conserver les rapports de proximité que l’oeil perçoit entre les nuances. Ce mode de conversion essaye lui de conserver tout le velouté du camélia. Il va donc imprimer toutes les nuances des pétales, mais avec des rouges moins saturés que sur la photo d’origine, les plus saturés que l’imprimante puisse faire cependant.

Quelle conséquence ? Le velouté des pétales sera conservé, mais ici, toutes les couleurs sont modifiées. La perception générale de la photo est conservée, mais certaines autres couleurs parfaitement imprimables vont donc être aussi modifiées légèrement. Voilà pourquoi il s’appelle perceptif. Ce mode conserve la texture au détriment de la vérité colorimétrique et de la saturation des couleurs.

La dernière est le mode rendu Saturation. Il s’emploie à conserver la saturation des couleurs. Il est réservé aux travaux ou la conservation des teintes et moins importante que celle de leur éclat.

 Quel mode choisir ?

Deux modes de rendu peuvent être envisagés par les photographes. Le mode colorimétrie relative, choix par défaut de Photoshop et cela me va très bien, car dans de très nombreux cas, il fonctionne parfaitement: meilleure préservation des couleurs originales et le mode perceptive, qui préserve la cohérence visuelle des couleurs et qui est le plus souvent adopté par les photographes.

Le mode perceptive doit être réservé aux images dotées de plages de couleurs situées significativement hors du gamut d’impression, c’est à dire très saturées. En effet, ces zones seraient transformées en vilains aplats monochromes par le mode colorimétrique relative.
A l’inverse, les images pastel ne doivent jamais être converties avec le mode perceptive, mais bien avec le mode relative. Une image pastel convertie pour l’impression avec le mode perceptive voit toutes ses couleurs modifiées sans raison, puisqu’elles sont toutes bel et bien imprimables.

Mais rien ne doit vous empêcher de faire vos propres comparaisons et de choisir ce qui convient le mieux à telle ou telle image.

La compensation du point noir

Aucun des modes de rendu n’est pleinement satisfaisant lors d’une conversion de profil à profil nécessitant un ‘gamut mapping’, c’est-à-dire une correspondance entre des couleurs qui ne pointent pas vers la même valeur LAB (ou XYZ). Les modes de rendu colorimétrique font perdre des nuances dans les valeurs saturées.

Une méthode donne cependant satisfaction surtout en mode colorimétrique relative, appelée, « compensation du point noir ». Schématiquement, elle consiste tout d’abord à réduire la dynamique du gamut de départ à celle du gamut d’arrivée, en jouant uniquement sur la luminance (le L du LAB). Une fois les deux gamuts (source et cible) de taille sensiblement identique, on peut utiliser les tables de correspondance colorimétrique sans trop de perte dans les nuances saturées (puisque la saturation de départ et d’arrivée est sensiblement la même). Il reste ensuite à compenser la réduction de la dynamique du L en l’étirant aux dimensions de celle du gamut d’arrivée (en clair on refait le point blanc et le point noir de l’image). De cette façon, les couleurs appartenant aux deux gamuts, source et cible, n’ont pas été trop modifiées. Et les couleurs « hors gamut » retrouvent « naturellement » leur pendant dans le gamut cible lors de « l’étirement » de la dynamique de luminosité aux dimensions de celui-ci.

 

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