Choisir un écran ne se réfléchit, hélas, même pas !

En photo, la différence de performance des appareils n’est pas si subtile, l’une est rouge et l’autre jaune. Les supporters des deux principales marques, étant sûrs qu’ils sont les meilleurs, vont débattre des jours sur les propriétés des caméras de leur marque préférée dans une empoignade digne d’un match de foot sur leur forum favori. En informatique, c’est presque pareil. Moi, qui suis pourtant certifié Microsoft Pro, bien je préfère ouvrir Windows pour tout balancer par la fenêtre, puis savourer calmement ma belle pomme. Mais de tous ces supporters partisans, combien prennent la peine de choisir leurs écrans ? Et peuvent-ils encore financièrement y penser après l’achat de la dernière caméra reflex 36 mégas de pixels et de beaux cailloux ? Et pourtant de nos jours un photographe passe plus de temps devant son écran que derrière le viseur de son boîtier. La partie post-traitement qui permet d’optimiser l’image prend un temps fou.

Avez-vous déjà comptabilisé les heures passées à retoucher vos images?

Flore Vanil Noir a Bounavaux

Il est d’autant plus important d’investir dans un écran de qualité, à la fois plus fidèle et plus reposant pour les yeux. Le choix d’un bon écran n’est pas aussi aisé.

Le type de dalle LCD est l’un des éléments principaux conditionnant la qualité d’un écran. Plusieurs technologies de dalles se partagent le marché:TN, VA et IPS.

TN

Très faciles à fabriquer et de ce fait très économiques, les dalles TN bénéficient d’une très bonne réactivité, appréciée par les joueurs. Toutefois, leurs défauts sont plutôt rédhibitoires pour un photographe. D’une part, leur homogénéité laisse à désirer et d’autre part, les couleurs, la luminosité et le contraste de l’affichage varient beaucoup pour peu que vous ne soyez pas parfaitement en face de l’écran. Le nombre de nuances affichées par ces écrans est également très réduit, n’affichant que 64 nuances par couleur, l’étendue des couleurs atteint péniblement celle de l’espace sRGB. Il ne faut pas espérer reproduire une échelle de gris sans artéfacts et la forte variation des tonalités et des couleurs suite à un changement de position par rapport à l’écran les disqualifie pour des travaux de retouche exigeants.

VA

Les dalles VA existent en différentes déclinaisons, suivant leurs fabricants et caractéristiques techniques. Toutes partagent des noirs profonds, des angles de vision très ouverts et une bonne réactivité. De manière générale, leur uniformité d’affichage est aussi satisfaisante que leur rapport de contraste et leur étendue de couleurs.

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IPS

Enfin la technologie IPS est la meilleure pour fabriquer des dalles pour les photographes. Elle offre notamment des angles de vision proches de 180°. Les dalles IPS sont un gage de qualité. C’est la technologie à privilégier pour les écrans de retouches photo, avec un large gamut au moins égal à 95% de l’Adobe 1998. A noter que la dalle de l’iPad est une technologie IPS, ainsi que de plus en plus d’écrans de portables haut de gamme comme sur certains portables Asus, Sony et bien sûr les MacBook Pro d’Apple.
On peut juste s’avancer à dire qu’une dalle IPS à éclairage à LED RVB constitue tout de même la crème en 2013.

Rétro

La plupart des écrans intègrent un rétroéclairage composé de tubes fluorescents à cathode froide (CCFL) dont une déclinaison (WCG-CCFL) permet d’obtenir des gamuts plus étendus. Certains écrans haut de gamme utilisent des LED colorés en bleu, vert et rouge pour éclairer l’écran. En contrôlant l’intensité des LED individuellement, il est ainsi possible d’obtenir un meilleur taux de contraste et une étendue des couleurs plus importante, dépassant même le gamut de l’espace de référence, Adobe RGB. Par rapport aux tubes CCFL, les LED génèrent moins de chaleur.
Une autre technologie consiste à placer des LED blancs sur les bords de la dalle au lieu de les positionner à l’arrière. Il est ainsi possible de construire des écrans moins profonds et plus légers. Par la pureté de son éclairage et son contrôle de l’intensité de chaque diode, un écran équipé de LED blancs se distingue par un contraste et une luminosité apparente élevée, mais son gamut n’excède pas forcément celui d’un écran à tubes CCFL. De manière générale, le nombre et la répartition des tubes fluorescents influent sur l’homogénéité de l’éclairage. Les écrans plus chers sont alors avantagés, car ils intègrent un nombre plus important de sources d’éclairage et un diffuseur de meilleure qualité. Certains augmentent encore la répartition lumineuse par voie logicielle. Quant à la restitution des couleurs, plus ou moins fidèle, elle ne dépend pas du rétroéclairage, mais de la dalle placée en amont.

Eblouissant

Par défaut, la plupart des écrans affichent des valeurs littéralement éblouissantes pour la luminosité, exprimées en candela par mètre carré. Et pourtant, une luminosité excessive n’est pas seulement dévastatrice pour vos yeux, mais elle rend l’étalonnage d’un écran très délicat puisque les réglages sont parfois insuffisants pour obtenir des valeurs de luminosité réalistes.
Le taux de contraste d’un écran, calculé en divisant l’écart entre la luminance du blanc et la luminance du noir par la luminance du noir, renseigne sur la qualité d’un écran. Ne vous laissez pas séduire par les sirènes du marketing, promettant monts et merveilles: il est en effet beaucoup plus facile d’augmenter la luminosité du blanc (il suffit d’augmenter la puissance du rétroéclairage) que de baisser la luminosité du noir, nécessaire pour obtenir des noirs profonds et des tons foncés bien progressifs. Avec des valeurs de luminosité de 100 cd/m2 (point blanc) et 0,2 cd/m2 (point noir) on obtient un taux de contraste de 499: 1, bien maigre lorsqu’il est confronté aux promesses des fabricants. Mais en réalité, ce taux de contraste saurait satisfaire les utilisateurs les plus exigeants.

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Large gamut

Si vous travaillez pour l’édition et si vous imprimez vos images sur une imprimante jet d’encre photo, la gamme de couleurs qu’un écran est capable de reproduire (gamut) est très importante. À titre d’exemple, la plupart des écrans d’ordinateurs portables peinent à afficher toutes les couleurs de l’espace sRGB. En revanche, certains écrans du milieu de gamme proposent un espace couleur frisant l’étendue de l’espace Adobe RVB. Baptisés « Wide Gamut », ces écrans délivrent généralement une excellente qualité d’affichage, à même de satisfaire des utilisateurs très exigeants, pour peu que le calibrage matériel, réservé aux écrans haut de gamme, ne fasse pas partie des desiderata sine qua non.

Carte graphique

À l’avenant des cartes graphiques, les écrans disposent d’une table LUT destinée à régler l’affichage. La plupart des écrans intègrent une LUT sur 8 bits, capables d’afficher 1 6,7 millions de couleurs, et les LUT de certains écrans plus haut de gamme peuvent atteindre 10 bits (1 024 nuances par couleur). Mais, pour profiter pleinement de ces capacités accrues, il faut posséder une carte graphique qui est capable de gérer ce nombre d’informations. Actuellement, certaines cartes graphiques proposent une prise en charge du mode 10 bits, mais sous condition que l’écran soit connecté via une prise DisplayPort.

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Toujours plus large

Au fil des années, la surface moyenne des moniteurs TFT n’a cessé de croître: aujourd’hui, nombreux sont ceux qui utilisent des écrans 24 pouces, voire 27 ou 30 pouces. Cependant, pour comparer la surface d’une image lorsqu’elle est affichée sur différents écrans, il faut également tenir compte de leur résolution d’affichage, exprimée par le nombre de pixels horizontaux et verticaux affichés.
Si certains écrans 22 pouces possèdent une résolution de 1 680 x 1 050 pixels, d’autres intègrent 1 920 x 1 200 pixels sur une surface identique. Ces derniers possèdent un pas de masque (pitch) plus réduit, permettant d’obtenir un affichage plus fin et plus défini, ce qui est très avantageux pour la photo, mais beaucoup moins pour la bureautique.
Sachez aussi que les écrans aux dimensions « classiques» (format 5: 4) tendent aujourd’hui à disparaître: la plupart des fabricants proposent des écrans aux formats 1 6: 9 et 1 6: 1 0, très pratiques pour afficher une image côte à côte avec les palettes de Photoshop.

Connectique

Pendant longtemps, le connecteur D-sub à 15 broches (prise VGA) était prépondérant pour la liaison entre un écran et un ordinateur. Mais cette connectique véhiculant exclusivement des signaux analogiques est aujourd’hui abandonnée au profit de connectiques numériques qui équipent les ordinateurs plus récents: DVI, HDMI ou DisplayPort. À noter que la norme DisplayPort est la seule à permettre une transmission de données sur 10 bits, les autres étant limitées à 8 bits. Une liaison USB entre l’ordinateur et l’écran sert aussi à contrôler certains paramètres de l’écran par voie logicielle (DDC).

Ergonomie

N’oublions pas certains aspects d’ordre ergonomique rendant l’utilisation de votre écran plus ou moins confortable: est-il réglable en hauteur? Pour la photo, privilégiez une dalle à surface mate à une autre brillante et veillez à choisir un écran dont le pourtour est noir ou gris foncé.
Considérez votre écran comme un investissement important pour vos yeux et vos images. Si le fabricant propose une garantie sur trois ou cinq ans, cela témoigne de sa bonne qualité et de sa fiabilité. Bien que plus onéreux que d’autres, un tel écran est construit pour durer et son investissement se justifie sur le long terme.

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